Avec son nouveau LP, Société Étrange ne laisse pas passer sa chance de rebattre les cartes du monde de la transe

Ne vous fiez pas à l’air patibulaire d’un tiers du groupe sur la photo promo. Société Étrange fait dans la musique bisou : une bande-son bonne à se lover dans les bras l’un de l’autre avec l’amour de sa vie ou du moment, ou à zoner un samedi soir seul mais en paix avec son doudou dans un studio de célibataire.

On parle aussi (et surtout ?) de transe profonde, de trip mental dans la pysché humaine, le tout à base de machines et d’instruments traditionnels, sans se perdre en conjectures avec un chant qui toucherait au superfétatoire, voire qui gâcherait l’état de conscience supérieur induit par l’écoute de la musique.

Le second album du groupe lyonnais, « Chance », s’est fait attendre. Actif depuis 2012, Société Etrange a sorti « Au revoir » chez S.K Records en 2015, il y a sept longues années. L’arrivée de Jonathan Grandcollot aux percussions dans la foulée, pour épauler le duo originel Antoine Bellini et Romain Hervault, change la donne et la dynamique du groupe, dans tous les sens du terme et à tout jamais.

Les trois premiers titres du nouveau LP, annoncé pour le 4 mars, soit la moitié de l’album, sont gracieusement offerts à l’écoute sur Bandcamp par leur nouveau label Bongo Joe. Qu’en penser ? Que du bien. On avance en terrain connu mais pas tout à fait, le groupe surfant sur une veine krautrock perfusée au dub, testée en studio mais forgée en live, avec toujours cette petite larme à l’œil en toile de fond.

« La Rue Principale de Grandrif » lance les manoeuvres avec son tunnel lumineux embrumé par une basse de cave, zébré et strié de quelques notes éparses de guitare. Des scories qui brisent en douceur une rythmique motorik leste et imperturbable qui invite à se dégourdir les jambes, comme chez les Anglais de Beak>.

« Nute » sonne plus machines-centré, avec un synthé qui ne démord pas de son arpège, tournant en boucle pour conduire à une hypnose qu’on imagine enviée par les charlatans qui promettent de faire décrocher de toutes les addictions par le seul pouvoir de leur voix, tabac, alcool, sexe, travail.

« Sur la Piste de Danse » constitue peut-être le titre le moins dansant des trois. Il nous prend par la main pour une danse de timide, d’introverti, de maladroit, mais qui ne demanderait qu’un petit encouragement pour se lâcher complètement. Ou pas. La danse mentale suffira.

Oubliez l’ayahuasca, optez pour Société Étrange.

> Société Étrange, Chance (Bongo Joe )