Une ex-Orties, devenue depuis romancière, se risque à une reprise du monument national Barbara. Pari gagné.
On l’a connue comme membre d’Orties, duo gémellaire lolita-trash ghetto-goth des années 2010. Aujourd’hui rangée des porte-jarretelles, la native de Bures-sur-Yvette (91), haut lieu de la recherche en mathématiques et physique théorique depuis 1958 et l’installation de l’Institut des hautes études scientifiques (IHES), répond à des interviews de la très chic librairie Mollat. Car Erex, Alexandra Dezzi dans la vraie vie, est aussi écrivaine, comptant deux livres à son actif. Je n’ai lu que le deuxième, le fiévreux La colère, paru chez Stock en 2018, un témoignage en mode auto-fiction sur la trajectoire sexuelle édifiante d’une jeune fille en manque de repères, de confiance et d’amour-propre.
Après un long hiatus musical, Dezzi revient dans le game avec « Le soleil noir », une reprise du monument national Barbara, diffusée sous le nom d’Erex. Un choix ayant du sens, tant le proto-goth de l’auteure, compositrice et interprète disparue en 1997 se marie bien avec l’univers et la personnalité d’Alexandra Dezzi. Sa version se montre personnelle, plutôt éloignée du titre original, se distinguant en particulier par une diction plus bien posée que le débit survolté, à la limite de l’intelligible, de Barbara. Les arrangements vaporeux de la reprise sont signés par deux poids lourds, Johnny Hostile (Pop Noire) et Mirwais, qui nous offrent un surprenant final baroque à base de cuivres synthétiques. Le titre s’accompagne d’une vidéo à plusieurs entrées, aux allures de balade post-apocalytique sous influence Balenciaga époque Demna, montée par Dezzi elle-même, ex-étudiante en montage.
Le morceau « Le soleil noir » annonce un album solo d’Erex, à paraître dans les mois qui viennent, qui devrait d’ailleurs se coupler à un nouveau roman. De quoi séduire Télérama, en quête d’une nouvelle coqueluche brandée « nouvelle chanson française » après Zaho de Sagazan ? Allez savoir.