La moustache salvadorienne la plus fameuse de Montréal s’agite en tournée ces jours-ci dans notre beau pays. Une occasion immanquable de revoir Femminielli en chair (miam miam) et en os sur scène, dans son jardin. Enfin, « immanquable », c’est ce que je croyais, avant d’assister au désastre.
Soyons clair, je suis depuis de nombreuses années un grand admirateur du travail de Bernardino Femminielli. De ses albums solo flamboyants et ambitieux, comme de son duo noisy-bondage Femminielli Noir, avec ce coquin de Jesse Osborne-Lanthier. Mais aussi de son univers visuel léché, de ses dégaines de maquereau, de ses pochettes de disques, de ses vidéos trempées dans le stupre. Un fan vous dis-je.
Problème : Femminielli est devenu chiant à mourir… Fini le rutilant disco boy libidineux, place au dépressif ventripotent. Il annonce la couleur, gris pluie, dès le début de son concert du 26 mai au Périscope, à Lyon. On pensait qu’il ne s’agissait que des 2 ou 3 chansons inaugurales de son set, mais non, on parle plutôt des trois quarts de sa prestation.
Un moment, pour tout dire, interminable pendant lequel le montréalais chante salement faux sur des instrumentaux cheesy balancés depuis son laptop. Il se lamente de la dureté de l’existence sur la planète Terre, en chansons comme pendant quelques intermèdes (cf. un « il fait trop chaud ici » lâché d’un ton las). Le fantastique showman, devenu clown triste, fait peine à voir. Le public présent sur place échange d’ailleurs des regards pour le moins interrogatifs, teintés de surprise et de déception.
Femminielli reprend un peu de sa superbe d’antan sur la fin du show, par l’intermédiaire de trois tracks discoïdes sur lesquels l’animal se défend bien mieux, enfin sur le terrain du déhanchement lascif qui doit être le sien, mais le mal est fait, les caresses langoureuses sur son torse velu n’y feront rien. Le souvenir de son concert torride au festival Visions, au large de Brest, en 2016 semble loin, très loin dans mon esprit.
Oui, tel un vieux con, j’affirme que c’était mieux avant, et après le fiasco monumental du concert lyonnais, j’espère désormais une chose : que Femminielli ait touché le fond, qu’il se relève et qu’il nous revienne en pleine forme. A bientôt, fleur de garçon !